L’école de la Salpêtrière de Charcot
– 1878, Jean-Martin Charcot, titulaire de la première chaire de neurologie, ayant trouvé l’Hypnose pendant un show du célèbre Donato (Baron d’Hont, Belgique), fonde l’École de la Salpêtrière : l’Hypnose comme état pathologique rattaché à l’hystérie. Et justement, dans l’institut où Charcot oeuvrait, il ne voyait que des individus souffrant d’hystérie et ne faisait alors ses batteries de test que sur elles… Par ailleurs, Charcot n’a en aucun cas fait sur sa seule personne une induction hypnotique : ses universitaires ou des hypnotiseurs de talent équivalent à Donato s’en chargeaient, fréquemment avec des moyens suffisamment barbares (inductions mécaniques, par flashs d’images, frayeur ou injection chimique)… C’est le commencement du célèbre combat des écoles de la Salpêtrière et de Nancy : “état pathologique” démontré par une autorité médicale de l’époque (Charcot, la Salpêtrière) , contre “état naturel” expliqué par l’école de Nancy… Cette bataille ne s’est terminée qu’un siècle plus tard : la Science tranchera au bénéfice de Bernheim et de l’école de Nancy (zones cérébrales vouées aux Etats Transformés de Conscience, présentes naturellement chez chacun, découvertes par une équipe de scientifiques français).
– 1885, Sigmund Freud, est amateur averti d’Hypnose. Il se convainc de l’importance du phénomène hypnotique pendant un spectacle d’hypnose de Hansen (Danemark), âgé de 29 ans, il a déjà traduit en allemand les ouvrages de Bernheim et fait une formation à la Salpêtrière durant quatre mois, auprès de Charcot, où il rencontrera Pierre Janet, à la source de beaucoup des idées à la base de la Psychologie clinique. Auteur, avec le Dr Breuer, d’un ouvrage sur l’Hypnose, il fonde sa compréhension, avant-gardiste pour l’époque, sur les mécanisme psychiques. Il terminera son cursus en Hypnose à Nancy avec Bernheim en 1889, mais ne maîtrisera en aucun cas la méthode d’hypnose traditionnelle, qu’il abandonnera (à l’époque trop autoritaire, et qui correspond plus à ses recherches). Cependant, il enverra toute son existence les malades ayant besoin d’une thérapie plutôt que d’une analyse à ses camarades hypnothérapeutes ! (cf. courrier de Freud datant de 1937).
–1889, a lieu à Paris (dans le complexe de l’hôtel Dieu) le premier Congrès International de l’Hypnotisme expérimental et thérapeutique, avec la participation des plus grands experts en la matière : Liébault, Bernheim, Charcot, Janet, Richet, Freud, Babinski, William James, etc.
–1891, en plein territoire russe : A.A. Tokarski, célèbre pour ses recherches sur la mémoire, inaugure le premier “Cours d’Hypnose et de Psychologie physiologique” à la faculté de Moscou. Plus tardivement, Ivan Petrovitch Pavlov, via son analyse du système nerveux supérieur, conçoit la théorie neurophysiologique de l’Hypnose, considérée tel un tournant décisif. L’Hypnose serait-elle en fin de compte un état physiologique ?… Dans l’hexagone, l’enseignant Bernheim vulgarise l’expression de “Psychothérapie” pour désigner l’emploi de l’Hypnose pour les traitements psychologiques. Le néologisme est employé de façon inédite en France dans ce sens en titre de son livre “Hypnose, Suggestion et Psychothérapie”, sorti en 1891.
– 1900, Émile Coué, pharmacien nancéen, une fois les techniques de l’hypnose apprises auprès de Liébault (importance de la suggestion), propage sa dorénavant célébrissime “Méthode Coué” sur tous les continents : Paris, Bruxelles, Londres et enfin les États-unis où il se retrouve accueilli sur la Cinquième Avenue avec les fastes d’un chef d’État ! C’est également la naissance de l’Auto-hypnose, dont les fondations sont posées par le neuroscientifique allemand Oskar Vogt, guide spirituel de Johannes Heinrich Schultz (père du Training Autogène, grandement fondé sur les procédés d’auto-hypnose de Vogt). Le même Oskar Vogt publiera en 1902, avec Sigmund Freud : ”Zeitschrift für Hypnotismus” (le “Journal de l’Hypnotisme”).
– 1919, l’hypnose est passée de “mode”… Pierre Janet poursuit seul dans l’hexagone ses activités sur l’hypnose. Il découvre le phénomène de la régression hypnotique. C’est Janet qui avait renforcé la notion d’Inconscient en thérapie (1886) et qui avait même trouvé l’idée de l’association libre, qu’il a fait connaître au jeune Sigmund Freud, en formation d’hypnose avec Charcot à la clinique de la Salpêtrière.
Durant cette période, K.M. Bykov, étudiant de Pavlov, jette les fondements de la médecine psychosomatique et explique que toute une gamme d’affections tels que l’ulcère à l’estomac, l’hypertension artérielle, l’asthme, etc… En Amérique du nord, le psychologue Clark L. Hull, enseignant et inspirateur de Milton Erickson, dirige plusieurs expériences sur l’Hypnose, qu’il évoque comme une part normale de la psyché humaine. Pour Hull, la transe hypnotique est un composant naturel de la conscience, similaire aux songes (à l’état réveillé ou endormi). Erickson se détacha de son « maître » pour créer une hypnose plus moderne.
– 1957, toujours sur le territoire russe, K.I. Platonov observe l’influence extraordinaire des mots chez les sujets en état hypnotique comme en état de veille “normal”. Une expérimentation dévoile qu’il est possible de donner un coup de fouet à la coagulation du sang et la cicatrisation d’une plaie ouverte, chez un sujet en transe hypnotique, au son d’un métronome. Par la suite, l’unique son du métronome, hors hypnose, est suffisant à faire coaguler le sang. Le cerveau humain est ainsi apte à se servir d’abstraction pour influer sur son équilibre.
Avec Velvoski et Nikolaïev, Platonov propose la technique d’accouchement intitulée “psycho-prophylactique” (sans douleur). Et au cours de cette période, J.H. Schultz réalise chez les allemands son “Training autogène”, tirant sa source des vieilles méthodes d’hypnose d’Oskar Vogt (1900).
Erickson, Bateson, Watzlawick…
Sur le sol américain, les travaux de Milton Hyland Erickson, psychiatre américain né en 1901, bouleversent les théories de l’Hypnose et de la Thérapie brèves. Bateson, Watzlawick, Weakland et Haley, membres de l’éminente université de Palo Alto, l’estiment comme “père de la communication moderne“. L’Hypnose Ericksonienne a vu le jour (1937) et va grandir au moyen des étudiants d’Erickson tels de Jay Haley, Jeffrey Zeig ou Ernest Lawrence Rossi. l’apprentissage de Milton Erickson sera aussi aux origines de la programmation Neuro-Linguistique (PNL) de Richard Bandler et John Grinder, dans le milieu des années 1970.
– 1971, Léon Chertok, psychiatre et psychanalyste de nationalité française, qui s’est battu des années pour la reconnaissance de l’Hypnose thérapeutique, inaugure dans la capitale le Cabinet d’Hypnose Expérimentale
– 1979, Daniel L. Araoz, sexologue et hypnothérapeute, baptise “Nouvelle Hypnose” l’emploi contemporain des méthodes d’Erickson. Les méthodes d’Hypnothérapie évoluent de plus en plus. A la même période, des personnes tels que les docteurs Malarewicz et Godin, et surtout Alain Cayrol – qui a été le premier professeur de nationalité française certifié en Hypnose Ericksonienne et en PNL avec l’appui de Jeffrey Zeig, Richard Bandler et John Grinder – importent cette “Nouvelle Hypnose” en France.